Il ne leur est pas toujours aisé d’accéder aux crédits bancaires, mais les Petites et Moyennes Entreprises (PME)  ivoiriennes disposent d’alternatives qu’elles pourraient explorer pour booster leurs affaires.

« On nous demande d’avoir un aval. On nous demande que le montant que nous voulons emprunter soit épargné dans un autre compte. Quand il s’agit d’un prêt pour exécuter une commande publique, c’est encore compliqué », lâche Soro Doté, président de la Confédération des Pme-Pmi du bâtiment et des travaux publics de Côte d`Ivoire, joint par politikafrique.info. Le bouillant homme d’affaires ivoirien regrette que les banques opposent  le manque de Fonds de garantie pour minimiser le risque bancaire.

« Les banques demandent un fonds de garantie. Or l’impôt foncier et l’impôt immobilier prélevés par l’Etat, pourraient constituer le fonds de garantie. Nous avons le sentiment que l’Etat nous incite à créer les entreprises sans prendre assez de mesures d’accompagnement », récrimine-t-il.  A ses récriminations, il ajoute le fait que les banques demandent les références, c’est-à-dire les preuves de ce qu’on a déjà monté une bonne affaire. «  Les jeunes entreprises peuvent démarrer avec un personnel expérimenté. Dans ce cas, on ne devrait demander que les références techniques et humaines », propose-t-il.

Pourquoi les banques hésitent-elles souvent à accorder un crédit aux PME? Politikafrique.info a approché des spécialistes. « Nous ne dirions pas que les Banques hésitent à accorder du crédit aux PME, mais plutôt qu’elles ne sont pas outillées pour cela. En effet pour accorder un crédit, il faut connaître l’entreprise, comprendre son mode de fonctionnement, ses processus de ravitaillement et de vente. C’est plutôt un manque de connaissance qui ne plaide pas en faveur des PME car la confiance est primordiale lorsque l’on parle de crédits », répond Yalis Sane, directeur administration et relations institutionnelles à la microfinance, Compagnie Africaine de Cédit (CAC) du groupe Cofina, jointe par Politikafrique.info à Abidjan. Elle ajoute que les Banques n’ont pas l’organisation optimum pour évaluer les PME. « En effet il faut vraiment mettre en place  des équipes qui permettent d’évaluer dans le détail ces entreprises, qui souvent n’ont pas tout le formalisme nécessaire. Certains éléments financiers qui ne sont souvent pas disponibles, ne leur permettent pas de pouvoir évaluer les risques, ce qui ne peut mener à l’octroi de crédits », précise la spécialiste de la CAC.

Cette institution de finance affirme s’être spécialisée en mésofinance, c’est-à-dire qu’elle agit comme un  segment intermédiaire entre la Banque et la microfinance. Elle s’adresse aux PME dont les besoins ne sont satisfaits ni par les institutions bancaires, ni par la microfinance traditionnelle.

« Nous avons bâti notre modèle opérationnel en nous adaptant aux spécificités de nos PME locales. Il est évident que si pour les financer nous leur demandons de produire des états financiers, ou d’avoir un commissaire aux comptes ou encore d’exister sous une forme légale depuis 3 ans au moins, nous ne jouerions pas notre rôle d’inclusion financière. Chez CAC, nous avons pour habitude de dire que c’est une activité que nous finançons en fait. Nous allons donc étudier l’activité de l’entreprise, la comprendre et ensuite nous adapter par rapport à cela. Notre analyse financière de l’activité nous amène souvent à devoir reconstituer avec l’entrepreneur tout son cycle de vente pour nous assurer que nous maîtrisons bien tous les aspects. »

LE CREDIT BAIL, UNE ALTERNATIVE

A côté de la mésofinance, les investisseurs des PME fondent leur espoir sur le crédit bail« C’est une forme d’emprunt bancaire, mais à la différence du crédit bancaire, le demandeur n’a pas accès au fonds à proprement dire. Il reçoit seulement le matériel qu’il désire avoir pour démarrer son entreprise après une demande en bonne et due forme  auprès de la structure financière », indique Me Nizar Snoussi, expert international en crédit-bail.

Le 30 décembre 2015, la Côte d’Ivoire a adopté la loi portant organisation du crédit-bail. La disposition est présentée comme vitale pour les PME. Le  crédit-bail devrait être également un  outil d’accompagnement des PME  dans leur croissance et leur passage du secteur informel au secteur formel dans le pays. Le Sénégal et la Guinée l’appliquent depuis 2012. Comme les PME, les PMI, les commerçants, les agriculteurs et autres professions libérales sont éligibles.

Pour être utile, la loi devrait être vulgarisée auprès des particuliers, pense Soro Doté, président de la Confédération des Pme-Pmi du bâtiment et des travaux publics de Côte d`Ivoire.

« Le crédit bail est une alternative à vulgariser dans le pays. Avec la nouvelle loi, elle n’est plus le seul apanage des assureurs automobiles. Au moins, sans grands moyens, les entreprises pourront fructifier leurs activités », espère-t-il.

En Tunisie et au Maroc  la participation du marché du crédit-bail s’établit respectivement à 14% et 15%. En Côte d’Ivoire cela représente moins de 2% de financement des investissements privés. En 2014, le marché ivoirien du contrat bail était évalué entre 50 et 60 milliards FCFA.

Source: http://politikafrique.info/pme-les-tuyaux-pour-acceder-aux-credits/